Fotogramas magazine 00/05/2001

Merci à Alejandra pour cet article.

 

O’DONNELL & TUNNEY Aux portes de la gloire

Quand ils étaient inconnus, ils ont travaillé ensemble dans des publicités pour la télévision, des années plus tard ils se retrouvent dans le thriller d’action “Vertical Limit” interprétant, contre toute attente, non pas les héros d’une histoire d’amour, mais un frère et sa sœur. Par Roberto CUETO (Madrid).

 

On a l’impression que Chris O’Donnell (30 ans) et Robin Tunney (28) veulent corriger l’idée que nous avons d’eux quand nous les voyons à l’écran : d’un côté, un garçon sain et bien élevé qui n’est pas capable de vous regarder directement dans les yeux ; de l’autre l’actrice formée dans le cinéma indépendant qui assume avec désinvolture et un sens de l'humour irrévérencieux son nouveau statut d'étoile d’Hollywood. O’Donnell demande que l’on éteigne sa cigarette dans la pièce, courtois mais ferme. Elle fume.

 

FOTOGRAMAS : C’est étrange qu’une actrice d’Hollywood n’ait rien contre le tabac… 

ROBIN TUNNEY : Je suis désespérée de faire cette tournée promotionnelle. Chris te regarde toujours de travers quand tu allumes une cigarette, et je n’en fume que trois par jour.

 

F : Ont-ils eu peur de tourner à cette altitude et sans spécialiste ?

Chris O’Donnell : Ce qui m’a fait le plus peur c’est de monter en hélicoptère tous les jours pour aller jouer. 

R.T. : J’ai été plusieurs fois effrayée, mais je me débrouillais en réfléchissant calmement : par exemple, quand on jouait une scène dans un précipice je pensais à ce que je pourrais écrire dans mon testament ou si mon ancien petit copain du lycée viendrait à mon enterrement… De plus, j’étais la seule fille au milieu de 12 mecs et je ne pouvais pas suivre leur rythme de marche. Nous avons tourné en Nouvelle Zélande et j’ai découvert que les gens là-bas avaient un chromosome en plus.

 

F : Est-ce qu’un film comme celui-là ne l’enferme pas encore un peu plus dans son éternel rôle de gentil garçon ? Pense-t-il qu’un physique comme le sien est un obstacle pour obtenir des rôles de méchants ? 

C.O. : C’est vrai que souvent le physique va à l’encontre de l’acteur, de ce qu’il veut réellement faire. Aujourd’hui j’aimerais changer, faire des films plus petits et intimistes. L’idée de jouer un méchant pour une fois ne me déplaît pas non plus. Dans ce domaine, les acteurs ne sont jamais satisfaits, celui qui joue le héros veut être le méchant et vice-versa.

 

F : Vous venez du cinéma indépendant et vous vous êtes fait connaître avec Niagara, Niagara, qui vous valut la Coupe Volpi de la meilleure actrice au festival de Venise. Ce n’est pas un changement brusque un film à gros budget comme celui-ci ? 

R.T. : Bien sûr, Niagara, Niagara est un film dans lequel je me suis beaucoup impliquée. A tel point que j’ai fini par épouser le réalisateur. Ensuite j’ai tourné dans La Fin des temps, avec Arnold Schwarzenegger, et j’étais effrayée ; tout était si grand, je n’arrêtais pas de me demander ce que je faisais là. Je préfère les petits films, centrés autour des personnages : une des choses qui me plait dans Vertical Limit c’est que j’ai passé presque tout le film prisonnière d’une crevasse avec deux autres acteurs : c’était comme faire du théâtre.

 

F : Avec des films comme celui-ci, Hollywood fait-t-il passer des messages sur les vertus de la famille ? 

C.O. : J’ai toujours défendu la famille, en cela je m’identifie beaucoup à mon personnage, qui est très attaché à sa sœur. Cela me semble très important, et j’aime l’idée de ne pas raconter une histoire d’amour typique, mais de parler de l’amour dans une fratrie. Et puis c’est impossible de vivre une romance à 3000 mètres d’altitude ! 

R.T. : Je pense que le fait qu’ils soient frère et sœur accentue le dramatisme de l’histoire. Je m’intéresse surtout à mon personnage, parce que c’est la fille dure, qui prend l’initiative. Chris agit comme le faisait les filles avant dans les films, il est indécis, il n’escalade pas si bien que ça…

 

F : Des projets ? 

C.O. : Je ne serai pas dans le prochain Batman, si c’est ce que vous voulez savoir. Je sais qu’il sera réalisé par Darren Aronofsky, mais je crois que le personnage de Robin n’apparaît pas. De plus, je ne me vois pas encore une fois dans le costume. Je n’ai pas de nouveaux projets concrets. 

R.T. :J’ai terminé un film avec Alan Rudolph, Investigating Sex, à propos d’un groupe surréaliste et de leurs différentes façons d’envisager la sexualité. Mes compagnons sont Nick Nolte et Neve Campbell. Il s’est tourné dans une chambre et j’étais ravie, parce que je n’avais pas à gravir de montagne, ni à porter des bottes, ni à m’accrocher à des précipices…

Traduction de cupoftea.